
Quand on parle des aides sociales et de l’intervention de l’État pour soutenir les citoyens les plus vulnérables, un nom revient souvent : John Maynard Keynes. Économiste britannique du XXe siècle, il est considéré comme l’un des penseurs majeurs à l’origine des politiques sociales modernes. Mais comment ses idées ont-elles contribué à créer ce que nous connaissons aujourd’hui sous le nom d’État-providence ?
Un monde en crise : le contexte des idées keynésiennes
Keynes a développé ses théories dans l’entre-deux-guerres, un moment de grande instabilité économique. Après la crise de 1929, le chômage explose, la pauvreté augmente et les gouvernements peinent à réagir efficacement. À l’époque, la pensée dominante en économie (le libéralisme classique) estimait que les marchés se régulaient d’eux-mêmes et qu’il ne fallait pas trop intervenir.
Mais Keynes va briser ce consensus. Il affirme que, dans certaines situations, le marché ne suffit pas à relancer l’économie. Il propose donc une solution radicale pour l’époque : l’intervention de l’État, notamment par la dépense publique, pour stimuler l’économie et réduire le chômage.
L’État comme moteur de la relance et de la justice sociale
Selon Keynes, l’État doit investir massivement, même si cela implique un déficit budgétaire temporaire. Ces investissements peuvent aller dans les infrastructures, l’éducation, ou… les aides sociales.
C’est là que son influence est directe. En proposant que l’État soutienne la demande, il légitime des politiques de redistribution des richesses. Ses idées inspireront le New Deal de Roosevelt aux États-Unis dans les années 1930. Puis, après la Seconde Guerre mondiale, la création des systèmes de sécurité sociale en Europe.
Des héritiers dans les politiques sociales d’après-guerre
Après 1945, de nombreux pays occidentaux s’inspirent de Keynes pour reconstruire leurs économies. C’est l’époque de la naissance de la Sécurité sociale en France (1945), du National Health Service au Royaume-Uni (1948), et d’un ensemble de mesures sociales visant à protéger les citoyens « du berceau à la tombe ».
On voit alors émerger l’État-providence, c’est-à-dire un État qui garantit un minimum de ressources et de services à tous, notamment à travers :
- les allocations chômage,
- les pensions de retraite,
- l’aide au logement,
- l’assurance maladie.
Conclusion : Keynes, une pensée toujours vivante
Bien que ses idées aient été contestées à partir des années 1980 avec le retour du libéralisme (notamment par des figures comme Margaret Thatcher ou Ronald Reagan), le keynésianisme fait régulièrement son retour. Et ce, tout particulièrement en période de crise économique. Par exemple, les plans de relance massifs après la crise de 2008 ou pendant le Covid-19 s’inscrivent clairement dans cette logique.
John Maynard Keynes n’a pas inventé les aides sociales au sens strict, mais il a donné une base intellectuelle solide à leur mise en place. À ce titre, on peut vraiment le considérer comme l’un des pères fondateurs des politiques sociales modernes.